Depuis quelques jours, la Montagne pelée est le sujet de discussion de beaucoup d’entre nous. Placée en vigilance jaune, les signes de réactivation sismique et hydrothermale du volcan martiniquais sont l’objet d’études et d’analyses des experts de l’Institut de Géophysique du Globe de Paris (IPGP) via l’Observatoire Volcanologique et Sismique de Martinique (OVSM) et de spécialistes du monde entier.
Mais cette actualité qui nous renvoie à un fait marquant de l’histoire de l’ile est aussi l’occasion de mieux connaitre notre Montagne Pelée, candidate au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Au nord de la Martinique, plusieurs massifs volcaniques, plus ou moins récents, profilent le paysage et suscitent émerveillement et fierté :
– La Montagne Pelée et
– Les édifices volcaniques du Morne Jacob et des Pitons du Carbet
C’est il y a environ 500 000 ans que le volcanisme de la Montagne Pelée a débuté. Et c’est le Mont Conil qui serait le premier édifice à avoir construit ladite Montagne Pelée, que l’on appelait à l’époque la paléo-Pelée. L’activité s’est ensuite déplacée vers le sud-est pour former le volcan que l’on connait aujourd’hui.
La grande spécificité de la Montagne Pelée ce sont ces éruptions de 1902 à 1930, phénomène unique par le nombre important de ses éruptions passées.
En 1902, une remontée lente de magma très visqueux obstrue le cratère de la Pelée. L’accumulation de gaz généré par ce bouchon en haut de la montagne, pulvérise tout un flanc du volcan donnant naissance à un nuage incandescent (mélange de gaz chaud et de débris). Ce phénomène, jusqu’alors inconnu, est décrit par Alfred LACROIX comme des « nuées ardentes ». Il est aujourd’hui couramment utilisé pour décrire ce caractère exceptionnel et universel de l’éruption de 1902 qui est devenu une référence mondiale. La Montagne Pelée est donc à l’origine du type éruptif singulier (volcan à dôme de lave et à explosion latérale) : le type péléen. Il est à noter que l’événement de 1902 est le plus meurtrier au monde directement lié à une explosion de volcan.
A l’image des nuées ardentes, l’accumulation de lave dense et de gaz dans la cheminée du volcan provoquée par les 7 explosions successives lors de l’éruption de 1902-1905 sont à l’origine d’un autre phénomène unique, l’érection d’une aiguille de lave de 350 m, la plus haute connue de toutes les éruptions à dôme.
Plus anciens que la Montagne Pelée, le Morne Jacob et des Pitons du Carbet sont des édifices volcaniques très spécifiques.
Ces pitons sont issus d’un précédent édifice volcanique (datant d’il y a 600 000 ans), comparable à la Pelée et ayant subi les mêmes mécanismes destructeurs que l’éruption de 1902 : celui d’une explosion latérale encore appelée déstabilisation de flanc (30 à 40 km3 qui se sont écroulés en mer). Cette configuration de magma visqueux et dense à l’air libre a généré ces dômes : les Pitons du Carbet. Ces derniers, qui ne sont pas des volcans, présentent une spécificité très rare, celle des dômes de lave.
Ce volcanisme spécifique n’est connu nulle part ailleurs dans le monde sauf à Sainte-Lucie. Toutefois, ils sont uniques par leur hauteur et leur nombre. Le relief des sept Pitons du Carbet est extrêmement érigé. Le plus haut atteint 1197 m, soit le plus élevé au monde pour le processus géologique dont il est issu : la remontée magmatique sous forme de dôme.
L’ensemble de ces particularités témoigne d’une aventure volcanique exceptionnelle en Martinique. D’ailleurs selon des études de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) relative aux volcans, La Montagne Pelée est un site de renommée mondiale, important pour la science et l’enseignement mais aussi manquant sur la liste du Patrimoine Mondial ; autant d’atouts pour la candidature des volcans et forets de la Montagne pelée et des Pitons du Nord de la Martinique.
Crédits Photo: Henry SALOMON, DEAL et PNRM