Le 8 mai 1902, à 08h02, une violente explosion se produit au sommet de la Montagne Pelée. Une “nuée ardente “, mélange de cendres, blocs et gaz évalué entre 200 à 250°C, se déplace à très grande vitesse (120 à 150 m/s). Il franchit les reliefs et atteint la ville de Saint-Pierre en moins d’une minute, tuant, par brûlures et asphyxie (ingestion de gaz et cendres chaudes), les 28 000 personnes présentes à l’exception de deux survivants et rayant de la carte, la capitale martiniquaise de l’époque, appelée le “Petit Paris des Antilles”.
La Montagne pelée, une histoire qui débute il y a 500 000 ans
Son volcanisme a débuté il y a environ 500 000 ans. Au nord de la Pelée, le Mont Conil serait le premier édifice à avoir construit la Montagne Pelée (la paléo-Pelée) : l’activité s’est ensuite déplacée vers le sud-est pour former le volcan. Il a fonctionné en même temps que celui des Pitons du Carbet dont l’activité se termine il y a environ 320 000 ans.
Culminant à 1 397 m d’altitude, la Montagne Pelée, encore en activité, est surveillée en permanence par l’Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique (OVSM) qui abrite l’un des plus grands sismographes au monde. Depuis le 4 décembre 2020, la Grande Dame du Nord est placée en vigilance jaune du plan Orsec, en raison de signes de réactivation. Cette alerte, à l’attention des scientifiques du monde entier, les invite à observer l’évolution de cet icône de la volcanologie moderne représentant un phénomène unique par le nombre important de ses éruptions passées. En effet, la grande spécificité de la Montagne Pelée ce sont les différentes éruptions constatées entre 1902 à 1930.
La pelée, une référence internationale depuis 1902
En 1902, une remontée lente de magma très visqueux obstrue le cratère de la Pelée. L’accumulation de gaz généré par ce bouchon en haut de la montagne, pulvérise tout un flanc du volcan donnant naissance à un nuage incandescent (mélange de gaz chaud et de débris). Ce phénomène, jusqu’alors inconnu, est décrit par Alfred LACROIX, illustre vulcanologue français, comme des « nuées ardentes ». Il est aujourd’hui couramment utilisé pour décrire ce caractère exceptionnel et universel de l’éruption de 1902 qui est devenu une référence mondiale.
A l’image des nuées ardentes, l’accumulation de lave dense et de gazes dans la cheminée du volcan provoquée par les 7 explosions successives lors de l’éruption de 1902-1905 sont à l’origine d’un autre phénomène unique, l’érection d’une aiguille de lave de 350 m, la plus haute connue de toutes les éruptions à dôme.
La Montagne Pelée, volcan à dôme de lave et à explosion latérale, est donc à l’origine du type éruptif péléen. Il est à noter que l’événement de 1902 est le plus meurtrier au monde directement lié à une explosion de volcan.
Selon plusieurs études de de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) relative aux volcans, le Mont pelée, site de renommée mondiale, important pour la science et l’enseignement, devrait figurer sur la liste du Patrimoine Mondial.
La Montagne Pelée, l’un des atouts de la Martinique pour sa candidature au Patrimoine Mondial de l’UNESCO
La candidature des Volcans et Forêts de la Montagne pelée et des Pitons du Nord de la Martinique au Patrimoine Mondial de l’UNESCO présente plusieurs aspects favorables ; du fait qu’il s’agisse d’un Bien naturel, qu’il soit situé dans une des zones prioritaires identifiées dans les orientations du Comité du Patrimoine Mondial (Afrique, Caraïbe, Pacifique) et que plusieurs études de l’UICN (2009, 2019) identifient la Montagne Pelée comme un site manquant sur la liste du Patrimoine Mondial.
En raison de son histoire géologique, la Martinique et plus exactement les Pitons du Nord de la Martinique et la Montagne pelée sont « des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification » ; ils correspondent précisément au CRITÈRE VIII ou CRITÈRE GÉOLOGIQUE, l’un des 10 critères à satisfaire pour obtenir une labellisation du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
La Montagne pelée, aux côtés des Pitons du Nord de la Martinique représentent donc des atouts probants pour figurer sur cette liste prestigieuse, au rang de merveilles mondiales comme la Grande barrière de corail d’Australie, le Mont Saint Michel, la Grande muraille de Chine, ou le Grand Canyon, etc.