Ce mardi 20 septembre, l’ilet chevalier à Sainte-Anne, a vu débarquer, 12 agents de l’Atelier Chantier d’Insertion (ACI) du Parc Naturel Régional de la Martinique, « Espèce exotique envahissante animale » (EEEA). Ils étaient en opération d’éradication de la mangouste, de son nom scientifique Urva auropunctata.
La mangouste : un danger pour l’homme et pour la biodiversité
Bien que faisant désormais partie de notre environnement, la mangouste, introduite au 19eme siècle en Martinique, est une espèce exotique envahissante. Elle est, du fait de sa prolifération, devenue un véritable danger pour la biodiversité martiniquaise.
En dehors de son activité de prédateur, tout comme le rat, la mangouste est vectrice de bactéries telles que la Leptospira interrogans, responsable de la Leptospirose, maladie pouvant provoquer chez l’Homme une insuffisance rénale, voire même la mort. (D’après une étude_Strobel et al., 1992_, nous y sommes 40 fois plus exposés qu’en France.
Dans le folklore antillais, nous savons que des combats de mangoustes et de serpents étaient organisés. Aujourd’hui, entre ces deux espèces, c’est la mangouste qui pose le plus problème. En effet, elle s’attaque aux œufs de tortues marines qui viennent pondre sur la partie « au vent » de l’ilet mais aussi aux nids d’oiseaux, en creusant ou en consommant les œufs. Notons que l’îlet Chevalier est susceptible de constituer un refuge pour l’espèce d’oiseau « Engoulevent Coré », très menacée en Martinique, l’unique île de la Caraïbe où elle est endémique.
Une opération renouvelable
A l’instar de l’opération d’éradication sur l’ilet fajou de la Guadeloupe, auquel les agents du PNRM avaient participé en 2001, en 17 jours, toute la population de mangouste de l’ilet avait été éliminée.
Sur l’ilet Chevalier, à Sainte Anne en Martinique, en 5 jours, grâce aux pièges confectionnés par les agents du PNRM, ce sont 32 mangoustes et 13 rats qui ont été capturés. La relève des pièges, de ce mardi 20 septembre 2022, a permis d’éliminer une 10zaine de mangoustes et 11 rats de plus.
Une opération d’éradication est considérée comme satisfaisante lorsqu’au bout d’une semaine, aucune Espèce Exotique Envahissante Animale ciblée par l’opération n’est capturée. Mais tant qu’il y aura des captures, l’opération devra perdurer.
L’importance d’une telle action est la sauvegarde de notre faune endémique. En effet, La mangouste détruit des espèces animales présentes depuis des milliers d’années sur notre île. Elle est d’ailleurs inscrite depuis 2013 en Martinique, sur la liste d’un arrêté préfectoral, permettant sa capture et son élimination
Sur le plan de la santé, il faut savoir que depuis 1950, à Porto Rico, cet animal originaire d’Inde, a été déclaré responsable d’une épidémie de rage. C’est aussi le cas pour Cuba, Hispaniola et Grenada, d’après une étude de la fin des années 80.
Une éradication utile à la biodiversité
« La régulation des populations de mangoustes sur l’ile pose des problèmes moraux voire religieux pour certains, en agissant contre sa prolifération, c’est tout un travail scientifique qu’il faut donc expliquer : La mangouste a une portée négative sur la biodiversité. Si on laisse sa population se développer, ce sont des espèces d’oiseaux, de tortues marines qui vont disparaitre et un problème sanitaire qui nous menace ». – Marcel BOURGADE (Agent du PNRM chargé de la conservation et de la protection de la nature).
La problématique des espèces exotiques envahissantes impacte la biodiversité à l’échelle mondiale. Il est donc important de surligner le travail fondamental réalisé par le PNRM pour le maintien de notre biodiversité. Ces actions essentielles à la protection de l’environnement permettent également à plus d’une 20taine d’agents, de suivre une formation et un parcours d’insertion dans le cadre d’enjeux environnementaux pour notre territoire.
Aujourd’hui, 2 équipes réunis dans deux ateliers chantiers d’insertion distincts évoluent sur l’ile pour la préservation de la biodiversité martiniquaise en éradiquant les espèces exotiques envahissante végétales d’une part, mais aussi animales telles que la mangouste, le rat, la tortue de Floride, le gecko ou encore l’iguane commun.
Comme dit Monsieur Bourgade : « il est essentiel de préserver notre biodiversité car la disparition d’espèces annonce notre disparition ».